11 questions pour mieux connaître Isabelle, expatriée dans le Kansas aux Etats-unis.

Suite à mon article  Desesperate Housewives, la vie rêvée (ou pas) des femmes d’expat, il y a eu beaucoup de commentaires. J’ai eu envie d’interroger toutes celles qui m’avaient répondu. Isabelle inaugure la série Expatriation, mythe et réalité !


Isabelle avait écrit : Ah ah : quelle caricature .. Je comptabilise 5 expatriations : si on compte mes stages (Suisse), mon mari en CSN (Maroc), Taïwan, et les US… Alors j’ai été confrontée à ces préjugés contre les femmes d’expat à Taïwan quand étant venue présenter mes compétences pharmaceutiques pour une étude de marché au PEE, on m’a répondu que étant femme d’expat, je devais rester dans mon rôle et continuer à jouer au Mah Jong et à boire du thé … J’ai appris le chinois et essayé d’occuper mon temps intelligemment.. Une femme de ménage, Oui ?? juste quelques heures par semaine.. cela n’était pas le paradis : des typhons en été et des tremblements de terre… mais c’est vrai de beau voyages à Bali et en Australie…
Et dernièrement, deux expatriations (dont la dernière en contrat local) aux US : alors, déjà, aux US, une expatriation c’est souvent un contrat semi local avec une assurance locale et les frais de scolarité pas entièrement pris en charge… et être confrontée au système de santé américain sans matelas d’assurance française est assez surprenant … Après avoir eu la green-card, nous avons fait le grand saut et nous sommes maintenant en plein centre du pays : peu d’expats, peu d’étrangers, une assurance locale … On essaye de se fondre dans la population mais CE N’EST PAS FACILE : pour nous cela a été un énorme choc culturel … voilà donc je ne me reconnais absolument pas dans ces portraits .. par contre même si nous avons du mal à nous intégrer, nous vivons plus dans l’interculturalité grâce aux enfants qui maintenant sont tous à l’école publique américaine faute de présence française, là où nous sommes dans le MidWest … voilà … et quant au reste : on ne vit pas pareil une expatriation à 30 ans qu’à 40 ans et c’est de plus en plus difficile de reconnecter avec la France.

Peux-tu te présenter ? J’habite à Shawnee dans le Kansas à quelques kilomètres de Kansas City aux USA. J’ai suivi mon mari dans son expatriation. Nous avons 4 enfants âgés de 15 ans et demi à 5 ans et demi. J’ai 43 ans. je suis pharmacienne de formation. Je travaillais dans l’industrie avant … avant les enfants et avant les expatriations. J’ai toujours été très active quand même puisque j’ai été engagée dans diverses associations tout au long de ces années.

Depuis quand  et pour combien de temps habites-tu ce pays ?Nous habitons aux US depuis novembre 2008 : nous étions jusqu’à l’année dernière en Californie dans la Baie de San Francisco et nous avons déménagé l’an dernier dans le Kansas en plein centre des US. C’est une ville agréable à vivre et sortie de la première impression, il fait bon vivre à Kansas City :  ville pas chère, à la croisée de l’histoire car c’était le point de départ vers l’ouest de tous les grands chemins des migrants, culturellement assez riche… et assez mignonne je trouve… les gens y sont sympathiques mais cela reste en surface et cela ne va pas au delà du Welcome in Kansas… Mon mari est en contrat local donc plus de date buttoir d’un retour en France. L’avenir nous appartient.

 

1ère expatriation ? Nous avons été en CSN au Maroc, il y a 16 ans. Puis en 1999 à 2003, nous avons séjourné à Taiwan. La 3ème est née là-bas. De 2003 à 2008, nous étions en France et nous sommes donc repartis en expatriation en 2008.

Quelle langue parles-tu ici ? A la maison, c’est le français bien sur, dehors, l’anglais.

Tes activités ? Mes activités : du yoga, du sport en salle, de la marche à pied, des photos et je travaille sur un projet de site web concernant la santé aux US. Accompagner mes enfants dans le quotidien.

Qu’est-ce qui te manque de la France ? Ce qui me manque de la France : j’en sais rien : la famille, les amis, la sécurité sociale, mes traditions et la tartiflette …

Si tu as des enfants, comment se passe leur scolarisation ? En Californie, mes enfants pouvaient suivre un cursus français en primaire. Les deux ainées étaient déjà dans le système américain. Arrivés dans le Kansas, c’est tout le monde à l’école américaine : pour le français, c’est la débrouille, le CNED … Il y a du bien et du mauvais. Le bien : l’ainée est dans une équipe de sport après l’école et s’entraine tous les jours. La seconde joue dans une fanfare du lycée.

Les avantages de ta vie dans ce pays /les inconvénients Les avantages de vivre ici : une vie facile, une belle maison.. la proximité de la nature…
Les inconvénients : un grand isolement, un climat continental dur à supporter : très froid en hiver et très très chaud en été mais de belles inter saisons. La population quoique sympathique à première vue reste difficile à aborder. La présence française à Kansas City est très réduite, mais sa présence est précieuse pour se sentir un peu moins seuls car on a beau essayer de s’intégrer c’est vraiment très difficile … On rencontre au mieux un vague intérêt, au pire une forte indifférence.

Tu rêverais de vivre où ? Revenir en Californie dans la Silicon Valley : c’est trop beau : pas étonnant que 50000 français y vivent. Mais la vie est très chère et encore faut-il y trouver un job… Ou revenir vivre en France à Grenoble.

Ton regard sur la France et les français vivant en France. Les français ne savent pas la chance qu’ils ont de vivre dans un pays où la santé est quasi gratis et où tu ne perds pas tout, quand tu es malade ou au chômage. Je constate aussi un certain manque d’enthousiasme par rapport aux américains mais il y a plusieurs explications : dont l’une : les américains entendent toute leur enfance : « great job », « wonderfull » dès qu’ils font quelques choses alors que nous entendons plutôt : « tu peux mieux faire » : ça forge un caractère… Tout est fait pour être facilité ici… Les américains ont inventé tout et n’importe quoi pour faciliter leur vie… parfois cet exces se retourne contre eux : voir leur problème avec la nourriture : ils ne savent plus cuisiner et mangent très mal : d’où des problèmes de santé énormes…

Peut-on te suivre sur un blog ? fromside2side.blogspot.fr

 

Si vous êtes expatrié, et que vous êtes ok pour répondre à ces mêmes 11 questions, laissez-moi un commentaire pour que je vous contacte.

 

Cet article a 14 commentaires

  1. Dhelicat

    Entre la réalité et l’idée d’une vie d’expatrié idyllique…c’est. Très intéressant d’avoir les réponses d’intéressés, j’ai beaucoup aime cet echange merci sylvie!

  2. Lucie

    Je pense qu’il y a une grande différence de vie entre expatriation en contrat local ou en contrat français… Enfin, je n’ai connu que le contrat local…

  3. très intéressant effectivement! j’aime beaucoup ce que dit Isabelle dans le dernier paragraphe, à méditer!
    Merci Sylvie, pour cette série que je vais suivre attentivement

  4. LadyMilonguera

    C’est un témoignage très intéressant je trouve qui permet de relativiser l’image idyllique et dorée que l’on peut avoir des femmes d’expat’.

  5. C’est très intéressant, bravo!
    Sinon j’ai bien reçu ton mail et je t’en remercie, je suis un peu débordée en ce moment mais j’essaierai de répondre à tes questions dès que possible! ;o)

  6. Linosqui

    Merci pour ce temoignage tres sympa. Je vis à l’étranger depuis pas mal d’annees, pas en expat mais si mon temoignage t interesse, contacte moi 🙂

  7. Lolaz

    Tout à fait d’acord avec le dernier paragraphe moi aussi.

    En vacances dans l’Utah, je voyais un petit enfant sorti d’une rando en pleurant et trépignant. Sa maman ne disait rien et je me disais: holala, mais faites le taire! ( en bonne Française que je suis! )

    Et elle a fini par lui dire: nous sommes presque arrivés a la voiture, tu as été un excellent petit marcheur aujourd’hui, c’était très bien!
    Et il s’est calmé, fier de lui.

    J’étais sur le c*l. Si j’avais été élevée de cette façon, ça m’aurait clairement changé la vie, donc je garde ça dans un coin de ma tête pour mes futurs petits.

  8. Isabelle de Kansas

    sympa vos commentaires, merci : alors pour le dernier commentaire : c’est quand même à méditer car l’éducation aux US est à relativiser .. d’ailleurs l’an dernier un livre a fait polémique : « bringing up baby » une américaine était scotchée par nos méthodes éducatives : en effet, les petits américains sont souvent assez intenables car on ne leur dit rien .. pas de contraintes, pas d’interdiction … il faudrait retenir certains côtés mais pas tout… enfin c’est un vaste sujet …

  9. Aldona

    Aujourd’hui, beaucoup d’expatriations se font sur des contrats hybrides avec des avantages que les locaux n’ont pas, mais pas les mêmes compensations que les expatriés au sens strict du terme.
    Dans certains pays comme la Thaïlande où je vis, être femme expat et non femme d’expat est très difficile compte tenu du côté hyper macho du pays, mais si on sait prendre les bon côtés de l’expérience c’est vraiment super.

  10. ça doit changer de bouger de la baie de San Francisco pour aller au Kansas! Par pour une vie de famille, ça doit être plus agréable!

  11. Bombay Magic

    Un témoignage intéressant, et quelle bonne idée ces interviews 😉

    Pour revenir sur les commentaires plus hauts, je pense qu’il faut relativiser la différence entre contrat local et contrat d’expat. C’est surtout une question de « niveau de revenus » – et j’ai connu de très confortables contrats locaux et de « petits » contrat d’expat.
    Ce qui change énorméent, c’est la prise en charge de la santé, de la retraite et de la scolarité des enfants, mais tout celà, quoique très important, est « financier ».
    Pour moi, ça ne change pas l’expérience cuturelle. Ce n’est pas parce que l’école de vos enfants est payée que les coréens vont vous traiter différemment et changer l’étal de légumes pour vous (très déconcertant, au début, la variété de racines et algues) 🙂

  12. Lolaz

    Je n’ai jamais fait de différence entre contrat local et « expatriation ». On m’a déjà fait le reproche sur un de mes articles sur l’expatriation.
    Mon mair est en contrat local donc quand je ne connais aucun autre expat dans ce cas, et je pense que la différence est notable quand il y a des enfants j’imagine.

  13. christophe

    J’ai connut les deux à Londres, et même un mixte des deux. Contrat local est mieux car tu es intégré dans une équipe local ou international, alors qu’un contrat français implique que tu travaille avec d’autre français pour une boite française ou le gouvernement (ex: ambassade, consulat ou autre…), donc, question dépaysement, c’est pas top, même si cela peux avoir des avantages (ex: la retraite) lors de ton retour.

  14. ouh lala oui : un énorme choc culturel… personnellement, on me donne le choix, je retourne en Cali : le climat y est plus doux et l’esprit geek et libéral de la Silicon Valley me correspond plus ….

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