Lisbonne

 

Une longue et très intéressante interview de Jérémy, voyageur à plein temps, un peu nomade, qui a décidé de vivre ses rêves et d’organiser sa liberté. J’aime beaucoup sa philosophie !

 

C’est quoi la liberté pour toi ?

Marrant que tu commences par cette question car c’est au centre de mes réflexions en ce moment. Je risque d’être bavard :)

Par rapport à mon état d’esprit actuel, je dirais que c’est de pouvoir aller où je veux quand je le veux, de pouvoir disposer de mon temps à ma guise.

C’est pour ça notamment que j’ai quitté mon job de salarié, et que je bosse d’où ça me chante, quand ça me chante (par exemple j’ai tendance à être plus créatif en soirée, donc j’écris mes articles généralement après 22h, ce que tu peux difficilement faire accepter à un rédacteur en chef quand t’es salarié :) ).

En fait je pense que le plus important pour un être humain c’est sa capacité à gérer son temps. On ne sait pas de combien on en dispose. Je peux très bien mourir demain écrasé par un bus, ou alors vivre en pleine santé jusqu’à 110 ans. Par contre, ce que je sais, c’est qu’à l’instant où je me sentirais partir, je veux pouvoir me dire « waouh, c’était quand même chouette, tout ça ! ».

Quand j’ai mis mes pieds à l’étranger pour la première « vraie » fois (je compte pas les voyages scolaires en Angleterre hein), j’ai direct attrapé le virus du voyage. Dès lors, j’ai compris que pour être heureux, j’avais besoin d’aller voir ce qu’il y a ailleurs, de découvrir la vie des gens en dehors de mes frontières. Et c’était difficilement compatible avec un job en 9h-18h du lundi au vendredi.

 

Tu vis avec quel budget moyen ?

 J’essaie de jamais vivre au dessus de mes moyens, donc je me débrouille toujours pour adapter mon train de vie à mes revenus. Au tout début c’était vraiment compliqué : à l’automne dernier quand je suis parti au Portugal, je gagnais 0 euros par mois, donc je tapais dans mes économies systématiquement. Et je ne te cache pas que j’étais hyper stressé à l’époque, car j’ai très vite pris goût à la liberté et je ne voulais surtout pas devoir retourner dans un job salarié avant d’avoir assouvi mes envies de voyage.

Pour être clair, fallait vite que je fasse rentrer des sous, sinon j’aurais du écourter mon nomadisme. Et je n’avais pas, mais alors pas du tout, envie d’en arriver là !

Donc après un petit détour par l’Irlande en décembre, je suis rentré en France pour bosser sérieusement et mettre la machine en marche.

A partir de février/mars j’ai commencé à trouver mes premiers clients. C’était très loin de pouvoir combler mes dépenses, évidemment, mais tu imagines mon soulagement quand j’ai envoyé ma première facture.

Du coup j’ai pris confiance en mes projets et j’ai décidé de passer l’été en Suède, le pays de mes rêves. Le coût de la vie est assez exhorbitant là-bas, donc encore une fois j’ai dû taper dans mes économies (même si j’arrivais à dépenser moins de 800€ par mois en moyenne, ce qui tient presque du miracle dans ce pays).

Là je viens de me verser mon premier salaire en septembre… de 700€ net. Pas suffisant pour rester en Suède sans me ruiner définitivement, et comme il commençait à faire froid et à pleuvoir tout le temps sur Göteborg, j’ai décidé de partir.

Donc direction l’Espagne. Je m’installe à Grenade dans quelques jours (j’y serais probablement quand tu publieras ces lignes). J’ai pour objectif de réussir à mettre enfin des sous de côté. Mon défi : vivre avec 500€ par mois, donc économiser entre 100 et 200€ chaque mois. J’habite dans une coloc qui me coûte 200€ charge comprise, la bouffe est pas chère, les bières non plus, et je ne suis absolument pas dépensier (je suis même plutôt adepte du minimalisme), donc ça devrait le faire sans trop de problème. Si ça intéresse tes lecteurs, je parle dans le détail de mon budget et de mon rapport à l’argent dans l’ article voyager à plein temps, combien ça coûte.

 

 

Irlande

 

Tu travailles en général combien d’heures par semaine ?

Ça dépend de pas mal de choses. Mais je dirais que globalement ça oscille entre 25 et 50 heures par semaine, suivant la clientèle du moment, suivant les lieux où je me trouve, etc. Après, c’est pas facile à dire car j’ai tendance à considérer comme travail uniquement les tâches qui me rebutent vraiment. Par exemple, je ne compte pas la réponse à cette interview comme du travail car je prends du plaisir à répondre à tes questions, alors que pourtant c’en est clairement.

Et puis je travaille suivant l’inspiration. Quand je sens que je suis efficace, j’essaie d’en faire le plus possible, quitte à y passer des nuits blanches. Par contre, quand je bloque devant l’ordi, que je n’arrive pas à m’y mettre, ça m’arrive de faire un break de 3/4 jours sans ouvrir un seul document de travail. Encore une fois, c’est quelque chose d’assez difficile à faire accepter dans un job de salarié (alors que pourtant, je suis 100 fois plus efficace avec ce système qu’avec les horaires fixes).

 

Tes coups de cœur ?

Je peux difficilement mettre en avant un pays car j’ai eu des coups de cœur partout ou presque (moi cœur d’artichaut ? Nooon :) ). Simplement, les endroits où je me suis senti complètement en osmose avec ce que j’avais sous les yeux, c’était :

  • l’archipel de Göteborg : des îles sauvages, tu escalades un peu la roche, tu surplombes la végétation, et autour de toi à 360 degrès t’as plein de petits îlots partout, des voiliers, etc. Moi qui suis un grand amoureux de la mer, j’ai trouvé ça magique. Typiquement le genre d’endroit où je peux rester des heures sans me lasser.
  • le lac Stora Delsjön, toujours à Göteborg. C’est un peu le cliché du paysage scandinave, un grand lac calme entouré de pins, mais je rêvais de ça depuis mes 12 ans. Quand je l’ai vu pour la première fois, j’ai senti mon cœur se serrer et je me suis dit « merde, c’est chez moi ! ». Je parlais d’osmose un peu plus haut, je crois que je me suis jamais senti aussi bien, autant « à ma place », qu’à cet endroit. Calme, reposant, rassurant, grandiose sans être « clinquant », c’est une ode à l’introspection et à la rêverie. Coup de coeur puissance 10 !
  •  l’Irlande en général : on va me taxer de chauvinisme, mais je trouve que l’Irlande ressemble vraiment à ma région, la Normandie (en particulier la Hague). Sauf que c’est sur une île entière, et pas sur une quarantaine de kilomètres. J’y étais en plein hiver, j’étais mort de froid, mais j’ai adoré : les lumières sont magnifiques, orangées, pourpres, rougeoyantes… Le ciel est chargé, changeant. L’Irlande c’est vert, gris, et multicolore. Ca dégage un charme fou. C’est tellement dommage qu’il pleuve tout le temps.
  •  Enfin, Lisbonne, en particulier le quartier de l’Alfama. Y’a un promontoire qui te donne une vue magnifique sur les toits de la ville, avec le Tage en contrebas. Quand j’y étais, le soleil se couchait, ce qui donnait une lumière vraiment magnifique sur les murs des bâtiments, et un guitariste jouait du fado derrière moi. Un moment que je ne suis pas prêt d’oublier.

 

 

Suède

 

Tes destinations de rêve ?

Si je mets de côté la Suède dont je suis littéralement amoureux, je veux absolument voir :

  •   L’Islande : je rêve d’un trek autour de l’île ! Entre la sonorité de la langue, les blue-lagoons, les volcans, les « déserts », un pays que je ne peux pas manquer !
  •  La Finlande : parce que mon rêve scandinave a commencé par la Finlande, je me dois d’aller y jeter un oeil absolument. Je pense que c’est moins grandiose que la Suède ou la Norvège, mais j’ai une « dette » envers ce pays :)
  •  Le nord de la Norvège (les îles Lofoten en particulier)

Et puis j’aimerais vraiment voir le Canada et la Nouvelle-Zélande. Et depuis un moment je fantasme sur le Groenland et les Îles Féroées. En fait, tous les pays où il fait froid quoi !

 

Qu’est-ce qui te manque de la France ?

Le pain, le cidre, et le camembert ! Sans déconner, en Suède c’était tellement la misère au niveau culinaire que je rêvais de tartiflette et de saucisson. Y’a d’autres pays où la nourriture passe mieux (comme le Népal où je me suis goinfré de plats au curry jusqu’à m’en rendre malade – littéralement !), mais globalement, ce qui me manque de la France, c’est la bouffe !

 

Les avantages et les inconvénients de la vie nomade

Je sais pas si je suis complètement nomade dans la mesure où je m’installe quand même dans un appartement que je loue à chaque fois. J’ai la bougeotte, je suis incapable de rester en place plus de six mois (même dans ma « vie d’avant » : depuis que j’ai 18 ans je ne suis jamais resté plus d’un an dans le même appart’, c’est dire !). En fait, je fuis la routine tout en essayant de conserver un maximum de « confort » dans mes voyages (j’aime la sensation d’être « chez moi »).

Donc l’avantage c’est la liberté géographique et temporelle.

L’inconvénient, c’est qu’il faut avoir le cœur bien accroché : j’ai du mal à dire au-revoir aux gens que j’ai rencontré, avec qui j’ai vécu des moments forts et dont certains sont devenus des vrais amis, en sachant que je ne les reverrais probablement jamais. On a beau rester en contact via Facebook et compagnie, se dire « on se reverra t’en fais pas ! », une fois qu’on est ailleurs, ce n’est plus pareil. Un ami québecois qui voyage à plein temps depuis pratiquement 10 ans m’a dit un jour : « tu verras, avec le temps tu t’endurçis ! ». On verra…

 

Suède

 

Tu imagines comment ta vie dans 10 ans ?

Je vais peut-être te surprendre, mais je ne m’imagine pas voyager pendant des années. En fait, quand je découvre quelque chose qui me plait, j’ai la (mauvaise ?) tendance à vouloir le faire à fond et à me lasser brutalement ensuite. En musique par exemple, je vais écouter le même disque en boucle pendant 3 mois. Et puis un matin, il va me donner la nausée. Alors je vais mettre autre chose et ne jamais le réécouter.

Je peux me tromper, mais y’a des chances que ça me fasse pareil pour les voyages. Je voulais vivre cette expérience, j’ai décidé de la vivre à fond, mais je suis pratiquement certain qu’à un moment j’aurais envie de me poser quelque part et bâtir quelque chose sur la durée.

Dans 10 ans, j’aurais 35 ans. Je m’imagine avec une femme et deux marmots :)

Par contre, je pense que je serais toujours indépendant. J’ai vraiment pris goût à l’entrepreneuriat, à la liberté et l’adrénaline que ça procure. Redevenir salarié, à moins que ce soit pour un poste de journaliste dans un média qui me botte à fond, aujourd’hui j’ai du mal à le concevoir. Mais je ne ferme aucune porte car fondamentalement j’aime ce métier et je le referais avec énormément de plaisir.

 

Ton/tes blog(s) :

Je raconte mes aventures sur Road Calls. Parfois c’est des conseils/avis généralistes sur les destinations, parfois c’est du récit de voyage pur et dur où je mets le lecteur littéralement dans ma tête. Mon blog est encore jeune, j’essaie d’alterner les styles et voir ce qui plait le plus à mes lecteurs. Mais mon objectif avec ce blog c’est clairement : prendre du plaisir à écrire.

Sinon, y’a mon blog pro. J’y donne des conseils en relations presse : Seduirelapresse.com. Mais je dois avouer que je ne le mets plus à jour très souvent. C’est juste une vitrine qui me permet de prouver mes compétences et trouver des clients, en fait.

Voila Sylvie, j’ai mis des tonnes et des tonnes, j’espère que toi et tes lecteurs me pardonneront. Quand on me lance sur des sujets qui me passionnent, j’ai du mal à m’arrêter :)

 

 

Cette publication a un commentaire

  1. Haydée

    Je connais ce problème de bougeotte qui finalement n’en ai pas un!
    Finalement je me demande si ce n’est pas le propre de l’homme de bouger ainsi. Après tout si l’on revient à la nature des choses, je pense que les peuples migraient beaucoup plus souvent, qu’ils n’étaient pas sédentaire comme nous le sommes dans notre génération.

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