12 questions pour mieux connaître Hélène, expatriée à Bombay en Inde.

Suite à mon article  Desesperate Housewives, la vie rêvée (ou pas) des femmes d’expat, il y a eu beaucoup de commentaires. J’ai eu envie d’interroger toutes celles qui m’avaient répondu. Hélène participe à  la série Expatriation, mythe et réalité !

Hélène avait écrit : Ah ah, si c’est français de se tirer dans les pattes et de critiquer les autres français ;-) Si il y a un peuple qui critique toujours tout, c’est bien le nôtre, et ça nous démarque effectivement des autres communautés ! Je pense que chez les femmes d’expats, comme dans toutes populations, on trouve de tout, certains, ou certaines correspondront à tout ou partie de ces critères, mais pas forcément…Une chose est vraie cependant, je constate souvent un niveau moyen de maitrise de l’anglais plus faible chez les françaises que chez les autres nationalités (sauf pour les coréennes et les japonaises !) et cela ne facilite pas, pour ces femmes, l’intégration dans un milieu local…. Ces caractéristiques sont peut-être également plus vraies chez les expatriés « récents ». Lorsqu’on « tourne » depuis longtemps (17 ans pour notre famille, 2 de nos 3 enfants étant nés à l’étranger et aucun ne comptabilisant plus d’une année en France – hormis la grande transhumance estivale), on a tendance à oublier le pain, le fromage etc, et plus habitués à gérer les « déracinements », ils prennent moins d’importance et on s’intègre plus dans une communauté internationale et locale. C’est vrai pour nous en tout cas, et je le constate chez les autres aussi ….

 

Où  habites-tu ? J’habite en Inde, à Bombay, en bordure de mer d’Arabie, dans une mégalopole de 18 millions d’habitants. Bombay est une ville qui ne s’arrête jamais, où toutes les religions, les communautés, les architectures, la richesse et la pauvreté se côtoient et se téléscopent.

 

Peux-tu te présenter ? Je suis française, née et élevée dans le Nord de la France en bordure de Manche (une mer aussi grise que la mer d’Arabie qui lèche les rivages de Bombay, mais moins chaude et plus propre). J’ai pour reprendre une expression découverte récemment, un CV « non-linéaire », bâti au gré de mes expatriations et des opportunités professionnelles qui se sont présentées. J’ai 3 enfants, nés respectivement à Singapour, en France dans le Loiret (une grande source de fierté pour le deuxième qui revendique d’être le seul de la fratrie « made in France), et en Inde,  Bombay. Ce qui me définit le plus, je pense, c’est une passion pour la rencontre de l’autre, et l’écriture!

 

Depuis quand  et pour combien de temps habites-tu ce pays ? J’habite en Inde depuis 2005 et devrais y  rester jusqu’en 2015, si Ganesh, Shiva et Laxmi le veulent bien ! J’ai fait un break d’un an en 2009 cependant, avec un retour en France qui m’a permis de me ressourcer et de retrouver l’énergie que demande la vie quotidienne dans une ville comme Bombay.

 

1ère expatriation ? Non! J’entame ma 17ème année d’expatriation. En fait, toute ma vie d’adulte. Je crois que je peux revendiquer désormais l’étiquette d’expat professionnelle. Nous restons longtemps dans chaque pays, ce n’est donc « que » notre 3ème pays, le premier était Singapour, et le deuxième, la Corée du Sud.

Quelle langue parles-tu ici ? Uniquement l’anglais (en plus du français évidemment), mais vraiment bien ! Enfin, sauf mon accent qui est resté très franco-français et dont mes enfants se moquent impitoyablement. Je leur réponds que je n’ai pas eu la chance moi, de grandir dans un environnement international!

 

Tes activités ? J’ai un blog consacré à l’Inde, que j’ai un peu négligé ses derniers mois mais sur lequel je passe beaucoup de temps. Écrire sur le pays où je vis me permets de mieux le comprendre, et encourage les nouvelles découvertes.

Je fais partie d’une association culturelle destinée à encourager l’amitié entre les indiennes et les expatriés, je m’investis beaucoup dans cette association, monte des programmes (conférences, découvertes de festival, expositions …). Faire partie de cette association m’a permis de rencontrer beaucoup d’indiennes et de me faire des amies locales. C’est une priorité pour moi, quand j’habite un pays: me faire des amies locales. Je n’hésite pas à me montrer très entreprenante, à proposer l’échange de téléphones et à lancer très vite des invitations à déjeuner.

J’écris aussi pour InaGlobal.fr sur l’actualité du secteur des médias en Inde, et au gré des opportunités, je peux être « fixeuse », réaliser des interviews pour des magazines féminins etc ….

J’essaie de faire du sport régulièrement, plus par hygiène de vie que par passion, car la sédentarité, et les kilos pernicieux, nous guettent vite dans une ville comme Bombay où on ne marche presque pas dans la rue et où on se déplace avec chauffeur …. En ce moment, je m’essaie au Pilates. Mon coach est moustachu et un peu ventru et on travaille sur fond de musique Bollywood. J’espère que ça sera plus efficace sur lui que sur moi!

Puis j’ai 3 enfants (de 5 à 15 ans), ça demande de l’énergie!

Qu’est-ce qui te manque de la France ? Sur le plan matériel, rien de particulier. Quand on vit à l’étranger depuis longtemps, on apprend à se détacher de sa passion pour la baguette ou le fromage, (ceci étant, un saucisson ramené par un ami de passage, c’est toujours une fête pour les enfants voir une bagarre dans la cuisine). Et puis, nous rentrons en France 2 fois par ans, aussi pouvons-nous nous rattraper à ces moments là (et au diable alors le cholestérol, quand mon deuxième dîne d’escargots 5 soirs de suite!).

Sur le plan culturel, je regrette un peu ces films français que je ne peux pas voir, ces expos à Paris qui me tentent, ces troupes de théatre ou de danse qui font toutes relache en été, quand nous sommes là…

 

Si tu as des enfants, comment se passe leur scolarisation ? Nous avons fait le choix du système international, nos enfants sont donc scolarisés dans une école anglophone qui suit le cursus IB (Baccalauréat International). Ca a beaucoup d’avantages: une ouverture d’esprit formidable, un système centré sur l’épanouissement de l’enfant, la prise de responsabilité, une place importante attachée au sport et aux arts. Du côté des inconvénients, le choix est plus limité en France pour les études avec un bac IB (bien que les choses changent), et les études à l’étranger, ça coûte cher! Puis il faut faire le deuil d’une certaine culture française…. mais ils apprennent autre chose! Mon fils aîné ne lit ni Zola ni Flaubert, mais Oscar Wilde, Hemingway … C’est différent, mais pas moins bien!

Les avantages de ta vie dans ce pays /les inconvénients : Les avantages sont nombreux! Il faudrait être masochiste pour vivre depuis 17 ans à l’étranger en y voyant plus d’inconvénients que d’avantage !

En vrac. Les découvertes permanentes. L’excitation de vivre quelque chose de différent, d’exceptionnel. Une chance pour l’éducation des enfants. Les voyages. Vivre plusieurs vies: finalement, à chaque fois que je déménage, je démarre une nouvelle vie ! Et puis, je suis très aidée! Je délègue complètement le ménage, le repassage, les courses … Même si, par choix, nous n’avons pas de « bonne à demeure ». Nous en avons parlé avec mon mari et avons décidé que c’était mieux pour tout le monde d’avoir une bonne qui part à 5 heures, ça permet de mener une « vie plus normale ». J’y pense parfois le soir, quand les 3 enfants se sont éparpillés dans la maison en laissant leur assiette sale à côté de l’évier (le chemin du lave-vaisselle reste apparemment mystérieux) et que je termine de tout ranger: c’est ça, la vie normale 🙂

Du côté des inconvénients, le premier c’est l’éloignement de la famille, surtout quand les parents vieillissent (enfin, ça se discute, selon les relations qu’on a avec sa belle-mère! J’ai des copines pour lesquelles c’est un véritable plus!)t. Dans une ville comme Bombay, la qualité de vie à l’européenne n’existe pas. Marcher dans la rue est une affaire assourdissante où il faut slalommer entre les éboulis sur le trottoir voir tas d’ordure, le cordonnier, le vendeur de chai (thé), le nettoyeur de conduit auditif (si si) installés à même le trottoir, le tout sous une chaleur écrasante et sans se faire écraser les pieds par les chauffeurs de taxi qui confondent la pédale de frein et le klaxon quand on traverse. Bref, pas une expérience particulièrement agréable, même si indéniablement pittoresque. Il y a la pauvreté aussi, bien qu’il faut avouer qu’on s’endurcit, hélas. Puis, sur le plan de l’hygiène, en Inde, on a souvent mal au ventre!

Les inconvénients cependant ne surpassent pas pour moi les avantages!

 

Tu rêverais de vivre où ? L’Australie, ou plus exactement Sydney, sauf que c’est vraiment loin de la France. Je suis aussi attirée par la culture russe que je ne connais pas, et quelques années dans ce pays pour le découvrir ne me déplairait pas … Ou encore une capitale d’Europe de l’Est, comme Budapest (j’ai des amis qui y vivent en ce moment et j’ai adoré aller les voir). Mais j’avoue, qu’avec le budget adéquat, quelques années à New York ne me déplairaient pas … Bref, choisir un seul endroit ? Impossible! C’est toujours intéressant de découvrir une nouvelle culture, un nouveau pays!

 

Ton regard sur la France et les français vivant en France. Divers, donc c’est difficile de juger un peuple en bloc 🙂 Un peu râleurs, tout de même, et pas forcément conscients de leur chance … Mais ouverts, en tout cas, aux cultures et pays de l’Asie … Je ressens, en revanche, une montée de l’islamophobie, ça m’attriste et m’inquiète. J’ai des amis en Inde qui trouvent que les français sont intolérants et racistes. Je défends mon pays, bien sûr, mais c’est dommage ….

 

Peut-on te suivre sur un blog ? Oui ! Mon blog s’appelle Bombay Magic, on le trouve à l’adresse suivante: http://helenelecuyer.unblog.fr, j’ai également une page Facebook pour ce blog, et un compte Twitter (BombayMagicInc) !

 

 

Si vous êtes expatrié, et que vous êtes ok pour répondre à ces mêmes 11 questions, contactez-moi.

 

Cet article a 13 commentaires

  1. Aldona

    Bonjour,

    J’adore ces séries sur l’expatriation car c’est une expérience extraordinaire. N’hésite pas à me contacter, je me ferai un plaisir d’y répondre.

  2. Matoushi

    Super cet article, j’ai adoré lire ce témoignage.
    J’aimerai être ethnologue et donc vivre une grande partie de ma vie à l’étranger (en Asie particulièrement), c’est pour ça que je me sens particulièrement concernée ^^
    c’est vrai que les questions d’éducation des enfants, le dépaysement H24 et tout ça me perturbe pas mal. Mais en fin de compte il doit y avoir plus d’avantages que d’inconvénients sinon on ne voudrait pas partir si loin !
    Bombay a l’air d’être une ville magnifique, quel rêve que d’y habiter.

    Merci encore !

    Bises

  3. Dhelicat

    J’adore ces témoignages, c’est super intéressant de découvrir ces vies des français à l’extérieur, un autre monde, une expérience enrichissante, une autre vie!.. Bonne journée Sylvie et j’ai voté bien sur lolll!

  4. Gwen

    merci pour cette série passionante et bonne journée Sylvie.

  5. Isa de Kansas

    Super intéressant : on se retrouve dans ce portrait d’expat : biensur, mon expatriation est plus lisse mais, beaucoup de choses rapprochent notamment par rapport un enfants ..et la capacité à continuer de s’émerveiller de tout. Tout prend une nouvelle dimension : c’est à la fois dure mais excitant… C’est bien de rester longtemps dans un même endroit … Peu c’est trop fatigant : cela demande beaucoup d’énergie à chaque fois ….

  6. Lolaz

    C’est très intéressant!

    J’adorerai la Corée du Sud, j’adore les Coréens ( très nombreux ici ). Tu avais un blog sur ce pays également?

  7. Nath'

    Merci pour ce nouveau témoignage d’expat’ : pour moi qui ne connais pas ce « mode de vie » et pour les voyageurs « ordinaires », cela permet de mieux comprendre les bons et les mauvais côtés de ce style de vie.
    Et merci à toutes celles qui acceptent de se prêter au jeu des questions-réponses pour partager leur vécu avec nous.

  8. NAVIN Jacques

    Bonjour,
    Je suis de L’Ile de La Réunion que vous avez découvert peut_être.
    Très jeune j’étais expat, ayant mis 8 jours pour rejoindre Paris, pannes et multiples escales et ayant travaillé à ORLY, à l’ouverture pendant que les parents sur la terrasse de l’aéroport faisaient voir les enfants décoller les avions.
    En ce qui concerne l’Inde, je n’ai jamais voulu me rendre tout en étant d’origine, à cause de l’hygiène et de la pauvreté dans les rues. Dans les pays douteux, je descends toujours dans de grands hôtels.
    Ayant un certain âge, retraité, je vais me rendre le mois de Mai prochain. Je descends au TAJ MAHAL PALACE pour 4 jours pour essayer de visiter Mumbai avec un chauffeur indien guide interprète. Puis me renseignant sur place, ( parait-il, les vols intérieurs ne sont pas cher), je visiterai d’autres villes en trouvant sur place un interprète.
    Quelles recommandations ou suggestions pourriez vous me faire?
    Si vous ou vos amis auraient besoin de renseignements sur La Réunion, ils pourront les avoir.
    Si dans votre entourage vous connaissez des étudiantes ou étudiants indiens parlant français, celà m’intéresse. Vous pouvez transmettre mon mail.
    Merci d’avance en attendant des nouvelles. tél fixe 0262410536.

  9. benoit

    bonjour, je souhaite entrer en contact avec Hélène car j’ai l’intention de passer 1 mois en inde du 15 juillet au 15 aout et j’aurai besoin de quelque conseils pour la vie de tout les jours (logement pas trop coûteux, bon plan etc…) je suis ouvert a tout information qui pourrai m’aider.
    merci

  10. waldmann

    Bonjour Hélène je viens e vous trouver car j’avais l’intention de venir à Bombay pour:
    1) me reposer
    2) prendre du soleil
    3) travailler dans le calme
    En vous lisant j’ai l’impression de me troper d’endroit surtout quand je lis comment c’est pour marcher en rue et aussi pour l’hygiene
    Donc merci pour ces informations qui me permettent d’y voir plus claire
    Agathe Waldmann

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