Où habites-tu ? J’habite à Vancouver sur la côte Ouest du Canada

 

Peux-tu te présenter ? Je m’appelle Carole, j’ai bientôt 37 ans. J’ai grandi en Bretagne, fait mes études à Rennes et Lille, puis ai vécu 11 ans sur Paris avant de m’envoler vers le Canada il y a près de 4 ans.  Je suis célibataire sans enfants, sans chien, chat, ou poisson rouge.

J’ai décidé de partir pour le Canada car j’avais de plus en plus de mal à me reconnaître dans le système professionnel français. Je ne m’épanouissais plus et j’avais besoin d’un changement de mentalité, d’une remise en question.

 

Depuis quand et pour combien de temps habites-tu ce pays ? Je suis arrivée en Programme Vacances-Travail fin mars 2009. C’était initialement pour un an, pour voir, mais les circonstances ont fait que j’y suis encore. Et maintenant que j’ai ma résidence permanente, je vais sûrement y rester encore un peu. Peut-être pas dans la même ville par contre car je pense à déménager dans quelques mois à Toronto mais je n’ai pas encore d’envie de rentrer en Europe.

 

1ère expatriation ? J’avais déjà fait plusieurs stages de plusieurs mois en Italie, mais c’était la 1ère fois que je partais pour 1 an et surtout sans savoir quand / si j’allais rentrer, ce qui est un sentiment assez inquiétant. J’avais une vision à court terme (hors de question que je rentre avant 6 mois) mais aucune idée de ce que je voulais à moyen/long terme.

 

Quelle langue parles-tu ici ? L’anglais dans la vie de tous les jours et au bureau et le français avec certains amis.

 

Tes activités ? Le patin à glace, le vélo en été, regarder du hockey (enfin pas en ce moment… satané Lock out!), les sortie entre amis. La nature autour de Vancouver est si extraordinaire que j’essaie d’en profiter un peu à chaque saison: plage, rando en été; raquettes en hiver. J’essaie aussi de profiter des festivals culturels que propose la ville. Même si l’offre est moins nombreuse que dans les grandes villes de l’Est, on a de quoi s’occuper si on fait l’effort de chercher.

 

Qu’est-ce qui te manque de la France ? Amis et famille évidemment. Sinon franchement peu de choses à part peut-être les congés payés. 12 ou 15 jours c’est trop court. Pour moi immigrer c’est aussi s’adapter aux différences culinaires ou culturelles. Donc contrairement à beaucoup, je me suis habituée au prix du vin, du fromage. C’est d’ailleurs quelque chose de fréquent dès qu’on quitte l’Europe. Et puis franchement, la sélection est différente mais on peut trouver de bons produits, il faut savoir chercher un peu. (à part pour les rochers Suchard qu’on ne trouve pas ici L). Le pub a remplacé la brasserie, le burger a remplacé le steak frites. Je réserve mes marathons culinaires et gastronomiques à mes retours en France.

Côté culture, je dois avouer que les films français (notamment les comédies dramatiques) me manquent car ils ne passent pas souvent à Vancouver

Mais en règle générale, je préfère ne pas me focaliser sur la France et sur ce que j’y ai laissé ; sinon j’ai l’impression de ne pas vraiment profiter des bonnes choses d’ici.

 

Si tu as des enfants, comment se passe leur scolarisation ? non concernée

 

Les avantages de ta vie dans ce pays /les inconvénients Au Canada, j’aime l’ouverture d’esprit: on donne sa chance, reprendre des études est courant et généralement bien perçu. Je travaille par exemple dans un nouveau domaine. En 3 ans ½, j’ai acquis des connaissances supplémentaires, une expérience de supervision, de recrutement (je n’avais jamais conduit d’entretien avant). Je doute que j’aurais eu cette opportunité en France et surtout pas être promue 18 mois après avoir été embauchée avec un statut d’immigrante temporaire.

Et aussi, la gentillesse des gens; enfin je ne sais pas si gentillesse c’est le bon mot, politesse peut-être plutôt. J’aime dire bonjour/au-revoir au chauffeur de bus et qu’il me sourie. Peu de commentaires négatifs, les gens sont plus positifs, moins de cyniques. Ca peut paraître faux, mais c’est agréable de ne pas avoir de négativisme constant. J’aime le côté relax de Vancouver et voir les gens imperturbables s’ils voient leur bus passer sans s’arrêter. C’est impensable en France et encore moins à Paris. Ici, on prend plus le temps de vivre. Je verrai bien si Toronto conserve un petit côté relax malgré sa taille.

Par contre, mon statut de travailleur temporaire a été difficile en raison de l’incertitude. Ma première demande de Résidence permanente a été rejetée. Pendant plusieurs mois je ne savais pas comment ça allait tourner: retour en France, un autre pays, ou rester au Canada. Difficile de construire quelque chose quand on ne sait pas dans quel pays on va vivre dans 3 mois. Donc cette période a été compliquée mais ça s’est bien arrangé J

Reprendre à 0 est une bonne expérience d’humilité (non je ne suis pas trop bien pour ce job !) mais cela veut également dire faire des sacrifices comme prendre un boulot qu’on n’accepterait pas en France ou vivre en colocation par exemple.

Vancouver est une ville chère pour le logement, donc la colocation est assez souvent nécessaire quand tu arrives ; Je rêve d’avoir mon chez moi, mais entre les incertitudes du passé et le déménagement qui approche, j’ai préféré ne pas m’engager sur 1 appart’ et un bail d’un an. Mais de plus en plus, je trouve difficile de faire les compromis nécessaires. D’ailleurs trouver un logement est simple ici : pas besoin de 4 fiches de salaires, d’un CDI depuis x temps, de cautions etc. Non, il faut des références (son boss, son ex- proprio, son voisin qui disent que vous êtes sérieux et fiable) et ça suffit en général.

 

Et puis, il y a 11/12h de vols, peu de vols directs et cela oblige à prendre toutes ses vacances pour aller en France et donc il reste peu de jours pour visiter le reste du Canada ou les Etats-Unis. C’est d’ailleurs l’une des raisons principales de mon prochain exil à l’est : pouvoir rentrer plus facilement voir la famille

 

Tu rêverais de vivre où ? San Francisco !! J’adore cette ville mais il est hors de question que je me remette dans un processus d’immigration, et pour les US en plus. Donc le Canada anglophone me convient bien pour l’instant.

Si je dois quitter le Canada, j’aimerai continuer à vivre en langue étrangère. Espagne, UK, Italie, Suède, Danemark…

 

Ton regard sur la France et les français? Oh là là question difficile : Je vais être dure mais je trouve que la France est un pays négatif et immobile. J’avais cette impression en étant là-bas, et ça s’est confirmée avec mon expérience ici. Professionnellement, on vous enferme dans de cases d’où il est difficile de sortir ; reprendre des études après avoir travaillé plusieurs années est mal perçu, faire du temps partiel ou travailler de chez soi est difficile à difficile à faire accepter et à mettre en place.

J’ai l’impression que les Français ont peur du changement, d’une certaine flexibilité, de la prise de risques. Tout ce qui sort du conventionnel semble dangereux et remet en cause le fondement de la société.

Par exemple, on me fait souvent des commentaires sur l’insécurité de l’emploi au Canada : « ils peuvent te virer du jour au lendemain par texto… ». D’abord, Euh non, il y a des lois ici aussi. Certes on n’est peut-être un peu moins protégés mais ces personnes ne se rendent pas compte que cette flexibilité peut être une aubaine ! Le préavis de licenciement est de 15 jours, mais c’est aussi grâce à ça qu’on va te donner ta chance même si ton profil ne correspond pas en tout point! Et quand on cherche à partir, il est beaucoup plus simple de trouver un nouvel emploi avec 2 semaines de préavis plutôt que 3 mois.

Mais souvent on me regarde comme si je parlais une autre langue ou comme si j’étais une grande utopique, et ce venant de personnes de tous âges ce qui est inquiétant pour l’avenir.

J’aimerais voir une France plus ouverte qui n’hésiterait pas à aller de l’avant au lieu de toujours se dire que « c’était mieux avant ».

 

Peut-on te suivre sur un blog ? Oui et non.

Oui car j’ai un blog : caroleinvancity.over-blog.com

Non, car je n’ai pas posté grand chose depuis 1 an. Mais je vais m’y remettre, Promis !

 

 

Cet article a 10 commentaires

  1. Armelle

    Joli portrait. Ma fille a vécu deux mois à Vancouver. Elle en a gardé un beau souvenir. Elle avait aimé l’ouverture d’esprit, le fair play des gens et la nature tout autour. Bises et joyeuses fêtes !

  2. Maya

    Moi je voulais faire des études au canada mais les prix des études étaient trop elevés. Après avoir lu ton article, mon envie grandit, je vais essayer de mettre un peu d’argent de coté pour les études au canada histoire de découvrir cette vie, et oui je te l’accorde, ici on a trop peur du changement, moi déja peur d’être loin de ma famille, amis, et tous ceux que j’aime, mais changer c’est aussi l’occasion de se découvrir et découvrir ce qu’on attend vraiment de la vie en mettant à part tous nos préjugés et nos « je dois ». Merci pour l’article 🙂

  3. Isa

    Belle interview et beau parcours.
    Le Canada est un pays ou il y a encore de belles perspectives d’expatriation même si cela commence à ralentir..

  4. CaroleBC

    Merci pour les commentaires.

    Maya, il est normal d’avoir une appréhension quand on part. Les 2 mois avant de partir, la chanson « Elle panique » était en boucle dans ma tête. Mais il ne faut pas que cette peur te bloque. Il y aura des moments difficiles, c’est sûr, mais c’est une expérience extremement enrichissante.

  5. globskolder

    Ton témoignage me rappelle l’Angleterre : c’est surement un état d’esprit anglophone.Ici aussi,il y a moins de sécurité de travail,mais au moins on donne la chance aux jeunes: j’en suis la preuve.

  6. Nicolas

    Il est possible d’étudier au Québec, par exemple à Montréal; car il existe une convention entre l’état Français et Québecois. Cela permet aux Français d’étudier au même prix que les Québecois. Par exemple, compter 1200 euros par an pour HEC Montréal sous régime québécois.

  7. pascal

    Je cherche des contacts je compte m y rendre bientôt je vous passe mon mail paslaye @gmail.com

  8. Virginie

    Bravo pour ce magnifique résumé de vous -même et sur Vancouver.Moi je suis de Belgique et comme vous je veux quitter mon pays car Belique-France, c’est exactement pareil. J’arrive bientôt enfin vers le 20 aout pour enseigner le français dans une pré-maternelle vers Vancouver Westside plus précisément . Je ne sais pas si vous êtes toujours sur Vancouver ou si vous êtes sur Toronto mais votre lecture me passionne déjà avant d’arriver 🙂 Merci

  9. Virginie

    *Faute de frappe sur mon précédent commentaire.. Belgique-France et non Belique :p

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