Peux-tu te présenter ? Je m’appelle Karine, 25 ans, globe-trotteuse passionnée et angevine d’origine comme de cœur! J’ai un peu bougé en France pour les études et le travail: Angers, Aix-en-Provence, Paris, et maintenant je suis en Alsace.

 

 

Dans quel pays es-tu allée pour tes études ou ton stage étudiant ? Pour quelle durée ? J’ai eu la chance d’étudier dans une université qui encourage ses étudiants à partir à l’étranger, j’en ai donc bien profité.

Je suis partie 3 fois à l’étranger pour les études: une première fois pendant 6 mois en Allemagne, à Bochum, pour mon premier semestre de L2, puis j’ai suivi quelques mois plus tard par 9 mois à Bamberg, en Bavière, pour mon année de Licence. J’ai ensuite enchaîné avec mon M1 aux États-Unis, à St Paul dans le Minnesota, pendant 10 mois.

J’ai également fait 2 stages en Allemagne: un premier à Bad Waldsee de 3 mois et demi (à la fin de ma L2), dans une boîte qui vend des produits pour bébés. J’ai ensuite fait un stage de 5 mois à Erlangen à la fin de mon M2, dans un institut franco-allemand. J’avais l’occasion de retourner pas loin de Bamberg où j’avais passé une super année, du coup je n’ai pas raté cette occasion!

 

Erasmus ou non ? Oui mais pas que!  Je suis partie avec Erasmus en L3, mais j’ai pu aussi profiter d’une bourse du DAAD pour mon premier séjour en Allemagne. C’était très intéressant, surtout pour un premier séjour à l’étranger, car le cursus est vraiment adapté pour les étudiants français, du coup pas de soucis d’équivalences ou de cours qui ne correspondent pas au programme français. Et puis ce n’était pas un an, du coup pour un premier départ c’était moins angoissant!

Pour les États-Unis, ma fac faisait partie du programme d’échange ISEP. J’ai pu choisir 10 universités qui m’intéressaient outre-Atlantique, et une d’entre elles m’a acceptée. Après, à moi de faire mon choix dans les cours proposés, tant que ça correspondait à peu près au programme en France.

 

Pour quelles études ? J’ai fait un master Langues Étrangères Appliquées, Anglais-Allemand. J’ai fait les 4 premières années à Angers, puis je me suis spécialisée en M2 à Aix-en-Provence dans le domaine humanitaire et culturel.

 

Maîtrisais-tu déjà la langue du pays ? Oui. Heureusement d’ailleurs, sinon je pense que ça aurait été un peu plus compliqué ! Je pense que si j’ai pu partir aussi facilement, c’est parce que je faisais des études de langues, et qu’on était privilégiés pour partir dans les universités partenaires.

Pour l’allemand, solution de facilité : ma maman est allemande, du coup mes frères et moi parlons cette langue depuis toujours, et on va régulièrement rendre visite aux grands-parents, oncles et tantes, cousins-cousines en Allemagne, et presque personne ne parle français, donc clairement, pour pouvoir communiquer avec la famille, il faut maîtriser l’allemand!

L’anglais est venu tout seul quand j’ai commencé en 6ème, j’étais une vraie éponge. Du coup, dès le collège, j’ai rapidement commencé à lire des livres en anglais (Harry Potter Power), j’ai convaincu mes parents d’acheter un lecteur DVD pour « regarder les films avec les vraies voix »… L’anglais oral était moins bon, et ça, ça s’est réellement amélioré qu’en partant dans le pays. Avant de partir aux Etats-Unis, j’ai dû passer le test TOEFL. En fonction de mon score, je pouvais postuler à différentes universités.

Campus de Hamline

 

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Repartir en France?

En fait, je me rends compte que j’ai été très chanceuse. Tous mes voyages d’études ont été faits dans le cadre de partenariats, donc soit c’était une fac d’office (à Bochum), ou bien je faisais une liste d’universités qui m’intéressaient, et là c’était en fonction des places restantes.

Pour partir à Bochum avec le DAAD, c’est ma prof d’allemand qui nous en a parlé. Après en avoir discuté avec mes parents (qui m’ont tout de suite encouragée), j’ai passé un très court entretien en allemand avec ma prof, qui s’est chargée de la transmission du dossier de candidature rempli par mes soins. J’ai reçu la réponse positive quelques semaines plus tard, et ma fac s’est chargée de tout le côté administratif.

Au bout de quelques mois en Allemagne, j’ai contacté ma prof d’allemand de L2 pour lui dire que je voulais partir en Erasmus en Allemagne en L3, et tout s’est fait par email. A mon retour, je lui ai juste indiqué dans quelle fac je souhaitais partir, elle m’a inscrite sur la feuille, et c’était (presque) réglé. Dossier imprimé, complété, signé, remis au département LEA et c’était bouclé. Ma fac allemande, à Bamberg, m’a envoyé les papiers pour l’inscription et le logement pendant l’été, et tout était prêt à mon arrivée en septembre.

Et enfin, pour les Etats-Unis, étant donné que j’étais à l’étranger, tout est passé par emails avec mon prof d’anglais (et ma maman pour déposer le dossier papier au secrétariat). J’ai choisi moi-même les facs qui m’intéressaient en fonction de leurs cours (il y avait quelques exigences: il fallait des cours d’allemand, des cours de marketing international, de management, etc pour coller avec le programme français), j’ai complété le dossier, et j’ai attendu pendant plusieurs mois avant d’avoir la réponse définitive. Le soulagement! Pour le visa, je suis allée au Consulat Américain à Munich, et c’était tout.

Pour la reconnaissance des crédits, là non plus je n’ai pas été confrontée à des problèmes administratifs, comme l’ont été certains de mes amis français… Le problème était plus de récupérer tous les relevés de notes originaux pour faire la conversion des notes.

Pour les stages, je m’y suis prise suffisamment en avance, et là aussi ça s’est fait très rapidement : envoi de candidatures par emails, coups de téléphone; je n’ai même pas eu besoin de me déplacer pour faire un entretien!

 

Es-tu satisfait(e) de la qualité des cours ou du stage ? Très ! Mes stages m’ont beaucoup appris et permis de trouver enfin ma voie professionnelle, et puis on y fait de formidables rencontres. Le stage à l’institut franco-allemand m’a surtout beaucoup apporté: j’ai pu monter différents projets culturels, participer à des festivals, des salons, rencontrer des artistes, et puis aussi rencontrer des élèves allemands qui apprennent le français. Dans le tas, il y en a toujours qui sont passionnés par la langue, le pays, la culture, ils en savaient parfois presque plus que moi sur notre histoire!

Quant aux séjours d’études à l’étranger, je pense que pour 99% ce sont des expériences inoubliables. J’y ai beaucoup gagné en maturité et en indépendance. Et on apprend aussi rapidement à faire face à différents systèmes administratifs, qui sont tout aussi barbants…

 

Marché de Noel

 

Comment as-tu financé ce séjour ? Pour le séjour à Bochum, j’ai bénéficié d’une bourse du DAAD, qui me permettait de payer mon loyer en résidence universitaire, mes courses, et quelques sorties. J’ai dû quand même être particulièrement économe! Ce premier séjour à l’étranger, hors du cocon familial, représentais à mes yeux ma prise d’indépendance et je ne voulais surtout pas demander de l’argent à mes parents. Du coup je suivais mes comptes régulièrement et je tapais dans mes humbles économies si besoin. Ça m’aura appris à gérer mes comptes!

En Erasmus, j’avais une bourse de ma région en plus de celle d’Erasmus et la bourse de mobilité de mon université, et des économies avec mon job d’été. Mes parents me payaient mon loyer, je m’occupais du reste.

Aux États-Unis, j’ai payé la moitié du séjour et mes parents l’autre moitié. Je touchais encore des bourses de ma région et la bourse au mérite de ma fac, du coup je transférais ces 2 virements à mes parents pour contribuer au paiement du séjour. On est quand même très gagnant avec ISEP, puisque je payais les frais pour un étudiant américain en France (donc je n’avais pas à payer les 35 000$ à ma fac américaine). J’ai trouvé un job sur le campus pour ensuite me payer tous mes voyages dans le pays.

Pour les stages enfin, soit j’avais une petite rémunération qui me permettait de vivre en puisant également dans mes économies, soit une bourse. J’ai également touché une bourse au mérite en M2, que j’ai mis de côté pour payer le loyer pendant mon stage.

 

Quel type de logement as-tu trouvé ? J’étais en résidence universitaire pour tous mes séjours à l’étranger (chambre individuelle, colocation, et chambre partagée aux Etats-Unis, c’est d’ailleurs assez bizarre). A chaque fois j’étais soit avec une Allemande, ou avec une Américaine, parfait pour bien améliorer l’allemand et l’anglais.

Pendant mes stages, je logeais chez ma tante pour le premier séjour, et j’ai loué une chambre chez l’habitant lors de mon stage de 5 mois. C’était une mamie toute gentille qui voyageait énormément, nous nous sommes très bien entendues !

 

Neuschwanstein

 

Qu’est-ce que ça t’a apporté ? Beaucoup ! Ça serait difficile de faire une liste qui puisse tout englober. Ça m’a apporté une ouverture d’esprit, développé mon côté baroudeur, confirmé mon envie de voyager tout le temps et en tous lieux, permis de mettre ma timidité un peu en veilleuse… J’ai profité de mes séjours pour découvrir la région dans laquelle je vivais, les villes voisines, la gastronomie, les villes « mythiques », revoir des amis.

Et ça m’a apporté une foule de souvenirs et quelques albums photos bien remplis !

 

Gardes-tu des amis internationaux rencontrés pendant cette expérience ? Oui ! Comme toutes les amitiés, petit à petit certaines s’effacent ou sont moins intenses, mais j’ai gardé contact avec un petit noyau d’amis internationaux rencontrés pendant chacun de mes séjours. Dernièrement je suis même retournée au Minnesota pour la Graduation Ceremony de mes amis, les retrouvailles ont été intenses!

Avec les nouvelles technologies, garder le contact est beaucoup plus aisé (même si j’envoie encore régulièrement des lettres papier, et cela aide encore plus à cultiver l’amitié). Et avoir des amis aux quatre coins du monde, c’est une raison de plus pour voyager et aller rendre visite aux uns et aux autres. Par exemple, avant de rencontrer mon amie vietnamienne, il ne me serait jamais venu à l’idée d’aller visiter ce pays, maintenant je sais que j’irai là-bas tôt ou tard (mais tôt serait mieux).

 

Recommanderais-tu de tenter cette expérience ? Pourquoi ? Quels conseils ? Bien sûr! Comme beaucoup d’ailleurs. Cela permet de s’ouvrir à d’autres mentalités, d’autres modes de fonctionnement, mais également de prendre du recul par rapport à son pays d’origine (j’étais à l’étranger au moment des grèves étudiantes de 2008 et 2009, c’était très intéressant de voir comment cela était perçu hors de nos frontières), d’améliorer son niveau en langues, de nouer de nouvelles amitiés, de s’ouvrir au monde de façon générale. Une fois que le virus du voyage est attrapé, on ne s’en débarrasse pas!

Je conseillerais de planifier et préparer un minimum le séjour (surtout si c’est un séjour de courte durée d’un an ou moins) afin de bien en profiter et de ne pas être pourri par des problèmes administratifs. Essayer de nouer au maximum des contacts avec les autochtones, histoire d’être complètement immergé dans la culture (Halloween et Thanksgiving dans une famille américaine restent des souvenirs extraordinaires), ne pas avoir peur de s’exprimer en faisant des fautes, et surtout de rester ouvert.

Thanksgiving

 

Est-ce ça t’a donné envie de voyager, ou de t’expatrier ? Où ? Oh que oui ! Un peu trop au goût de mon compte en banque. J’essaie de voyager à l’étranger au moins une fois par trimestre, surtout en Europe pour le moment (plus facile au niveau des transports et des finances, surtout quand c’est seulement sur un week-end).

J’aimerais énormément m’expatrier, mais l’ennui c’est que je n’arrive pas à me décider où ! Je me rappelle m’être dit pendant mon séjour aux États-Unis que je ne pourrais pas y vivre, mais maintenant que tous les côtés négatifs se sont estompés, je me dis pourquoi pas ? Je garde les yeux ouverts et si une opportunité se présente, je ne la laisserais pas passer.

Peut-on lire ton parcours sur un blog ? Non, j’ai tout écrit sur des carnets de voyages, qui trônent désormais à côté des albums photos respectifs. A Bamberg je tenais un blog pour ma famille, mais je l’ai fermé quelques années après mon retour.

 

Vous avez fait vos études ou un stage à l’étranger, et vous êtes d’accord pour répondre à ces mêmes questions, laissez-moi un commentaire pour que je vous contacte ou envoyez-moi les réponses au questionnaire à mon adresse sylvie@lecoindesvoyageurs.fr

 

Cet article a 3 commentaires

  1. Nicolas

    Merci pour cet interview très intéressant. J’ai une question concernant ton séjour aux USA pour les études. Combien as-tu déboursé de ta poche (parents inclus) pour pouvoir y vivre durant 10 mois – bien sûr je parle des frais basiques (école, logement, nourriture, téléphone..etc.) ?

    Merci d’avance pour toutes ses infos 🙂

  2. Karine

    Oups, réponse extrêmement tardive! Je ne sais pas si ça pourra t’aider, mais on ne sait jamais.
    Je ne pourrais pas vraiment dire combien m’a coûté le séjour, étant donné que j’étais nourrie/logée/inscrite à la fac grâce au programme ISEP. J’ai déboursé au total 5000€ pour un an, et tout était compris: 3 repas/jour au restaurant universitaire de la fac, logement en chambre double dans un « dorm » de la fac, et inscription aux semestre d’automne et de printemps. On avait une petite épicerie à côté du RU où on pouvait acheter quelques produits avec notre carte de repas. Je n’ai donc pas eu à faire les courses ou même dépenser des sous pour faire mes lessives…
    Pour les dépenses « loisirs », je touchais environ 250$ par mois grâce à mon boulot dans le restaurant universitaire, ce qui m’a permis de financer mes voyages dans le pays et toutes mes sorties, etc. Je n’avais pas de téléphone portable mais un fixe offert par ma fac, les appels étaient gratuits sur le campus et sinon mes parents m’appelaient de France.
    J’espère avoir pu t’aider!

  3. Emeric

    Bonjour,

    J’ai trouvé cette interview extrêmement intéressante !
    Angevin également je suis en 1ere année LEA Anglais-Allemand et je souhaite partir à Bochum en semestre 3 également. Je vois que tu en tires une très bonne expérience ! 🙂
    D’ailleurs, saurais-tu comment les candidatures sont-elles triées ? J’ai un très bon niveau scolaire mais il y’a peut etre d’autres critères.

    C’est fou, je compte également partir avec l’ISEP aux USA ! Je trouve cela génial les séjours à l’étranger que tu as effectués !

    Sinon je me pose des questions sur les métiers après LEA, quel métier exerces-tu à présent ? Existe t il vraiment des débouchés sachant la concurrence face aux écoles de commerce, IEP … ?

    Je te remercie d’avance et je suis très étonné à la lecture de cette interview !C’est un exemple pour moi ! 😀

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